Robert Vivian - 2005
Journées du livre de Sablé
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Ainsi va la vie sous les latitudes tempérées
où, en matière de climat, l'exception confirme souvent
la règle
et où, à chaque fois, chacun
s'étonne et s'inquiète de ces " exceptions
" qui pourraient devenir la réalité de demain.
Au XVIIe siècle déjà, Madame de Sévigné,
depuis le château de Grignan, évoquait ces "
dérèglements du climat ". Mais bien avant elle,
les chroniques avaient souligné les facéties du
climat de l'ouest européen marqué, comme le disent
les scientifiques, par de " fortes variabilités inter-annuelles
" : périodes de grande sècheresse, phases de
fortes chaleur, hivers sans neige ou hivers tardifs, années
pluvieuses ou hivers précoces et fortement enneigés,
tempêtes
et bien après elle, les phénomènes
climatiques rares perdureront !
Grâce au recueil d'observations météorologiques
de l'an 359 à l'an 1900 rassemblées par Albert Gourjon
(Valence 1968) et aux richesses publiées dans le Bulletin
de la Société archéologique et de Statistique
de la Drôme, nous savons que ce département n'a
pas été exempt de canicules et sècheresses
telles que celles que nous avons endurées en 2003
et que cette année là n'a pas constitué une
exception.
Quand bien même il est difficile, à distance, d'apprécier
le contenu d'informations peu documentées, les situations
exceptionnelles telles qu'elles nous sont relatées, se
sont succédé à un bon rythme pendant des
siècles : en l'an 627 avec " des sources qui se tarissent
et de nombreux morts de soif " ; en 640 où l'on enregistre
des chaleurs tropicales : " les hommes et les femmes tombaient
morts n'ayant plus en bouche la salive nécessaire "
; en 850, famine résultant de la chaleur et de la sècheresse
enregistrées ; en 987 " chaleur épouvantable
déclenchant une famine qui durera cinq ans " ; en
995 été excessivement chaud au cours duquel "
les arbres s'enflammaient spontanément " en 1000,
en 1135, en 1232, en 1393, en 1473, en 1504, en 1518, en 1540,
en 1583, en 1605, en 1612, en 1642, en 1660, en 1681, en 1706,
en 1719 (" 1719 fut une des années les plus sèches
et les plus chaudes qu'on ait encore vues en France ")
Et ainsi de suite : plusieurs fois par siècle en moyenne
de graves canicules se sont exercées sur le Sud-Est français.
Les Archives de la Société des Amis du vieux
Chamonix regorgent également de témoignages
précieux
sur les hivers tardifs par exemple. Par
chance, cela s'est passé au XVIIIe et au XIXe, une époque
où les sports d'hiver ne représentaient pas le gros
de l'activité économique de la Vallée et
dans un temps où l'année " commençait
bien " lorsqu'il n'y avait pas de neige !
- 1744 : " L'an 1744 commença par un beau temps. On
eut très peu de neige. Les mulets roulaient facilement
toute la commune aussi librement qu'au mois d'août. Jamais
homme vivant n'avait vu un temps si agréable dans cette
saison. L'hiver commença le 9 mai
"
- 1765 : " L'année 1765 débuta sous d'heureux
auspices car depuis le 10 décembre jusqu'au 30 janvier
on eut une température délicieuse. Le 24 février
on partit pour aller travailler les vignes à Martigny
.
"
- 1783 : " Pour à l'égard de l'hiver, il fut
tout à fait léger jusqu'au commencement du mois
de mars, qui fit une grande quantité de neige le premier
et le second jour
"
- 1797 : " Janvier, léger, de même en février
..puis beau temps continu en février-mars. Hiver remarquable
: manque de neige pour la luge ; début des labours le 8
avril. "
- 1815 : " L'an 1815 commença bien et fut beau jusqu'au
11 mars où il tomba beaucoup de neige. Nous avons commencé
de semer le 8 avril. "
Au XXe siècle, les périodes de sécheresse
vinrent pareillement bouleverser le bel ordonnancement du climat
français :
- 1921 est le cur d'un épisode sec qui s'étend
sans interruption d'octobre 1920 à mars 1922. La Loire
à Blois connaît un déficit de 57% sur ses
débits moyens ;
- 1949. La Loire connaît ses débits d'été
les plus faibles du siècle tandis que toute la décennie
1940-1950 connaît des sècheresses successives marqués
par des hivers froids et secs et des étés caniculaires.
Notons que ces années de sècheresse préparent
le grand étiage glaciaire des années cinquante (100%
des glaciers alpins sont en recul en 1950 d'après la commission
glaciologique de l'Académie Suisse des Sciences) ;
- 1976. La sècheresse est comparable en sévérité
à 1921 mais est moins longue
encore qu' elle dure
d'octobre 1975 à août 1976 ! ;
- 1989. Longue sècheresse de juillet 1988 à février
1990. Le semestre mai-octobre1989 est le plus sec depuis 40 ans.
Du 1er novembre 1988 au 1er décembre 1989 : 13 mois pendant
lesquels le déficit global est de 30 % en Bretagne. Les
deux mois de juillet-août ont le même ensoleillement
que 1976 mais septembre et octobre ont un ensoleillement supérieur
de 50% à la normale.
Dans ce XXIe siècle débutant, la sècheresse
de 2003 n'a cédé en rien aux périodes de
chaleur du passé : de mai à septembre pour ce qui
est de la longueur de l'épisode (donc sècheresse
d'été mais aussi de printemps) mais surtout avec
des températures caniculaires en juillet-août (proches
de
et dépassant même 40 degrés centigrades
l'après-midi
en particulier sur le sud-est de la
France).
Au jour le jour, les Français ont réappris à
vivre la sécheresse et la canicule : le jour, baisser les
volets tout en laissant les fenêtres fermées ; vivre
dans l'ombre ; puis le soir à la tombée de la nuit
ouvrir tout grand fenêtres et volets pour laisser pénétrer
la fraîcheur nocturne et tout spécialement celle
du petit matin. Survivre en somme, à la calamité
ce que n'ont pu faire nombre de nos aînés aux organismes
affaiblis et aux conditions de vie difficiles, dans des structures
d'habitation peu adaptées (murs minces, absence de climatisation
).
Le drame sanitaire a été immédiat et implacable
: surmortalité avec 13500 décès
chiffre
soulignant, si besoin était, le caractère exceptionnel
- social, plus encore que climatique - de l'épisode. Ce
caractère exceptionnel du phénomène "
canicule " rentre bien, on le voit par les exemples présentés
ci-dessus, dans une certaine forme de normalité du climat
tempéré. Normalité donc
, ce serait
le contraire qui serait anormal !
Lorsque Madame de Sévigné parlait de dérèglements
climatiques, elle évoquait d'éventuelles anomalies
physiques, une sorte de " chaos " dans le Landerneau
des climats. Ce qui est nouveau aujourd'hui, c'est que l'on veut
trouver la cause de cette fluctuation climatique dans le contexte
économique et social de nos sociétés industrielles
(c'est-à-dire hors de la sphère astro et géophysique).
Faire de l'événement exceptionnel, le point de départ
d'une évolution inexorable où les activités
anthropiques joueraient désormais le rôle essentiel.
Glissement sémantique : la " fluctuation climatique
" des uns est devenue le " réchauffement global
" des autres. Et dans la discussion engagée, les fluctuations
glaciaires (qui apparemment, pour certains, ne peuvent plus être
que négatives !) sont apparues très souvent comme
la seule preuve évidente de ce fameux réchauffement
global qui affecterait aujourd'hui notre planète terre.
Or, il en va des glaciers comme des fluctuations climatiques :
notre connaissance du passé glaciaire est là pour
prouver que les glaciers du monde ont déjà connu
des hauts (très hauts) et des bas (très bas) et
que la situation et l'évolution des glaciations dans le
monde en cette fin de XXe siècle n'annonce rien de particulièrement
catastrophique !
Depuis bientôt un quart de siècle s'est mis en place un discours " mondialiste ", discours ambiant auquel personne n'a pu échapper, selon lequel " la terre enregistre depuis quelques dizaines d'années un réchauffement de l'atmosphère (de l'ordre de 1,5°C à 2° ou même 5°C pour le siècle . selon les scénarios), réchauffement - dit " global " - dû à l'augmentation dans l'atmosphère des gaz à effet de serre produits par les industries humaines : C02, CH4, CFC..... La preuve ? Les glaciers fondent, le niveau de la mer s'élève ; mieux ! Les glaciers - et tout spécialement ceux des Alpes - sont, à court terme, menacés de disparition. "
Une remarque d'abord : en matière scientifique, les " moyennes " ne veulent rien dire : elles peuvent recouvrir des états et des notions complètement contradictoires (ex. suite à la déglaciation quaternaire il a été enregistré aux latitudes moyennes des transgres-sions marines tandis qu'aux latitudes polaires au contraire, la conséquence a été le phénomène de landhöjning = allègement, donc avec émersion des terres et " terrasses soulevées "). Incontestablement l'utilisation abusive des " moyennes " nuit à la crédibilité de certains modèles.
La " mondialisation " en matière de climat
est un leurre. Elle n'existe pas.
Les évolutions des climats de notre planète ne se
font, ni de manière concomitante, ni de façon homogène.
On le redécouvre aujourd'hui avec le concept de NAO (Oscillation
nord atlantique des valeurs de la pression atmosphérique)
qui analyse les comportements climatiques souvent contradictoires
du Nord et du Sud de l'Europe ; comme existent des oppositions
entre Amérique du Nord et Europe, entre le domaine antarctique
et le reste du monde.
En octobre 2005, les équipes nationales de ski se plaignaient
de ne pas pouvoir faire d'entraînements : parce qu'il y
avait trop de neige dans les Alpes Orientales
et pas assez
dans la vallée de Tarentaise (P. Jolly, Le Monde).
En 2005-2006, pendant que l'Europe subit une vague de froid sans
précédent, l'Australie enregistre des records de
chaleur générateurs d'incendies monstres, etc.
On comprendra qu'il est complètement erroné de vouloir
étudier les variations des glaciers de montagne des régions
tempérées au vu des seules courbes de température
et des seules évolutions de l'environnement chimique des
régions polaires. Qu'on se le dise !
Par ailleurs, il faut bien avoir en mémoire que si un
réchauffement peut provoquer aux latitudes moyennes une
fusion accélérée des glaciers (canicules1976
et 2003 !), au contraire, dans les zones froides à températures
négatives, iI signifie, le plus souvent, une augmentation
des précipitations neigeuses donc à terme, une crue
glaciaire.
Autres remarques montrant que sur le terrain, les choses ne sont
pas si simples que cela :
- pour certains glaciers alpins et pour les glaciations d'inlandsis
(travaux de la NASA au Groënland) les conclusions des études
de bilans glaciaires sont à nuancer : des bilans positifs
peuvent correspondre, sur les fronts, à des reculs linéaires
et volumétriques tandis que des bilans négatifs
peuvent fort bien se traduire dans certaines circonstances par
des avancées glaciaires ;
- phénomène souvent méconnu : dans les pays
de mousson (Himalaya), l'accumulation en neige des glaciers se
fait en été plus qu'en hiver, au contraire des autres
régions du monde où l'hiver est la saison d'alimentation
et l'été la saison d'ablation.
Et avec tout cela, on voudrait que les glaciers obéissent
au doigt et à l'il aux fluctuations climatiques !
Ensuite, les glaciers n'ont pas attendu l'aube du troisième millénaire, ni le développement des industries humaines pour fluctuer (grosso modo) en fonction du climat. Depuis la fin des temps quaternaires, la décrue en Europe a ainsi ramené les glaciers des zones de piémont jusque dans le coeur de la montagne alpine.. enregistrant alors des fluctuations qui ont été beaucoup plus importantes que celles enregistrées aujourd'hui, et en des temps où il n'y avait ni voitures, ni chauffages urbains, ni aucune autre trace sensible de civilisation humaine !
En fait, ce qu'il faut surtout savoir, c'est que les glaciers - surtout les glaciers dits " de montagnes " tels que ceux que l'on rencontre dans les Alpes - ne sont que des indicateurs " imparfaits " du climat. D'autres facteurs que le climat interviennent, en particulier ceux liés au cadre physique dans lequel s'inscrivent les glaciers (géologie, altitude moyenne, altitude du front, pente longitudinale, hypsométrie, couverture morainique, hydrographie...).
On ne peut donc, en aucune façon, faire systématiquement d'une variation glaciaire (positive ou négative) le test d'une fluctuation de même sens du climat.., donc, a fortiori, de " l'artificialité " du climat mise en avant à la fin du XXe siècle.
Un point d'actualité d'abord : oui, aujourd'hui, beaucoup
des glaciers alpins reculent, comme ils l'ont souvent fait dans
leur histoire ! Mais cela joue chaque année sur des
pourcentages variables de la population des glaciers. Pendant
que certains ou beaucoup de glaciers reculent, certains autres
ou beaucoup d'autres sont, dans le même temps, en position
stationnaire ou en position d'avancée. Pour bien s'en persuader
il suffit de consulter le schéma, très pédagogique,
des variations suisses au cours du XXe siècle (in "
Les variations des glaciers suisses ", Revue du Club Alpin
Suisse).
Les longueurs des langues des glaciers alpins diminuent, mais
les volumes de glace restants sont encore considérables.
Ainsi le minuscule glacier de Sarennes (dont beaucoup pressentent
la fin prochaine !) juxtapose aujourd'hui trois sous-bassins où
la glace dépasse encore 70 à 80 mètres d'épaisseur.
A Saint-Sorlin, l'épaisseur maximum relevée est
de 135 mètres ! (sources : Labo de glaciologie CNRS).
Un retour sur la période holocène : l' Holocène
a marqué depuis 12000 ans le grand recul des glaciers alpins
jusqu'à leur position actuelle. Depuis le Boréal
(9000-7000 BP), les glaciers ont oscillé sur un espace
assez restreint, celui des marges des glaciers actuels, permettant
à ces altitudes une présence continue des espèces
arborées (cf. bois datés C14).
Alors que dans le dernier tiers du XlXe siècle et dans
la première partie du XXe siècle, les glaciers des
Alpes ont subi, surtout de 1925 à 1965, un très
intense recul qui a marqué... et les esprits et les paysages
glaciaires... le dernier tiers du siècle (période
centrée sur l'intervalle 1970-1990) a vu - au contraire
- , dans le massif du Mont-Blanc et dans d'autres régions
du monde, les fronts des glaciers avancer et les volumes de glace
s'accroître. Ne parlait-on pas dans la presse, en 1986,
de " nouvelle glaciation " ? Que les glaciers reculent
ou avancent, il faut se rappeler que leur comportement ne doit
être analysé qu'à l'aune de la durée
(historique et géologique) ...et non de l'année
ou d'un tout petit groupe d'années, voire d'une vie humaine.
Le glaciologue suisse F.A. Forel, en 1902, allait plus loin encore
lui qui constatait : " Hélas ! la mémoire de
l'homme est bien courte et ses comparaisons bien incertaines.
"
Sinon, il devient facile de prouver tout et n'importe quoi, y
compris de mettre en contradiction avec eux-mêmes les tenants
du tout " réchauffement global dû aux industries
humaines ".
Quelques exemples ?
Les glaciers ont été, dans le passé, beaucoup
plus réduits qu'aujourd'hui. À preuve l'existence
de ce village de Saint Jean de Perthuis (aujourd'hui disparu)
qui occupait, avant le XVe siècle, l'emplacement actuel
de la langue frontale actuelle du glacier de la Brenva
ou
bien encore, ces multiples vestiges archéologiques révélés
çà et là lors des phases du recul glaciaire
récent. Un fort recul peut ne pas être inexorable
et ne doit pas aboutir automatiquement à la disparition
du glacier. Il y a plusieurs millénaires, la croissance
de pins cembro, pins à crochets ou mélèzes,
à des altitudes et en des lieux et des temps où
aujourd'hui l'on ne trouve que de la glace, est un fait avéré.
Les glaciers ont, depuis, reconquis les espaces. Flux et reflux
au fil du temps ; ainsi vivent les glaciers du monde !
Dans le même temps où l'on nous annonçait
qu'à cause des gaz à effet de serre, les années
80 étaient les plus chaudes du siècle (cf. R. Houghton
et G Woodwell in Pour la Science, 1989, avec comme années
" record ", dans l'ordre : 1988, 1987, 1983, 1981, 1980,
et 1986), ces mêmes années 80 étaient marquées
dans les Alpes, sur le plan glaciologique, par une des deux crues
glaciaires les plus significatives du XXe siècle :
- en France (les glaciers du Mont-Blanc avancent ; sur la rive
gauche du glacier d'Argentière " destruction "
- consécutive à la crue glaciaire - du
pylone de téléphérique situé en rive
gauche, sur la bordure du glacier
;
- en Suisse (crue glaciaire nécessitant la transformation
de la prise d'eau du torrent en prise sous-glaciaire au glacier
de Biferten, bassin de la Linth (cf. photos dans la revue du CAS)
;
- en Autriche et en Italie (augmentation localisée des
pourcentages de glaciers en crue).
Il y a à cela au moins trois raisons.
1) D'abord une certaine méconnaissance de la vérité
scientifique (la " glaciologie d'autoroute " est mauvaise
conseillère !) et géographique... dont la conséquence
est de faire apparaître le glacier comme le simple - et
seul - reflet du climat ambiant.
2) Ensuite, nous l'avons dit, la période de crue des années
80 a été complètement masquée aux
yeux du grand public par la réalité de nombreux
reculs concomitants (qu'il n'est point nécessaire de nier
pour rester dans la normalité millénaire), enregistrés
principalement sur de petits glaciers, exposés au sud,
de faible altitude moyenne, ou situés en marge de glaciation,
mais ne concernant que des volumes restreints de glace. L'exemple
souvent invoqué est le petit glacier de Sarennes (50 ha)
en Oisans, glacier dont le bilan de masse est mesuré in
situ depuis plus de 50 ans (avec 30% de bilans annuels positifs
tout de même !). Le phénomène de recul est
d'autant plus voyant que le nombre des petits glaciers est important
dans les Alpes occidentales (75 % du nombre de glaciers - dont
la taille est inférieure ou égale à 50 ha
- représentent à peine 19 % du volume de glace accumulée
du Léman à la Méditerranée). Par ailleurs,
le nombre de petits glaciers s'accroît au cours de la déglaciation
(par morcellements successifs des grands glaciers) : il convient
donc, pour ne pas trahir la fameuse " réalité
-terrain " , d'évoquer des surfaces - ou
mieux encore des volumes - plus que des nombres et surtout
que des pourcentages de populations de glaciers.
3) Le discours mondialiste " triomphant ", martelé
inlassablement, partout et par tous (ou presque !) prêchant
le réchauffement global et le recul des glaciers de par
le monde (cf. " le discours ambiant " résumé
plus haut)... et correspondant, dès les années 80,
à la mise en place du discours-programme, géopolitique
plus que scientifique, de l'IPCC (lntergovernmental Panel
on Climatic Changes ; GIEC en français).
Le réchauffement d'origine anthropique (dont nous affirmons
nous aussi la réalité) reste largement masqué
par les fluctuations " naturelles " du climat. ... ce
qui , bien sûr, ne disqualifie en aucune façon le
discours et les recherches sur les effets des activités
humaines (CO2, CH4, CFC..) dans les évolutions climatiques
très récentes.
Alors pourquoi cette contradiction entre notre analyse et celle
soutenue par l'internationale écologiste et diffusée
à l'envi par les médias du monde entier (ce qui
ne constitue ni une vérité, ni une preuve, Paul
Valéry l'a dit avant nous !) ? Tout d'abord, rappelons
que le catastrophisme a toujours fait partie du discours scientifique.
En 1901, un géologue grenoblois, W.Kilian annonçait
déjà la disparition prochaine des glaciers alpins
; ce qui poussa le grand glaciologue suisse F.A. Forel à
répliquer, dans la Revue du Club alpin suisse, par
un article retentissant intitulé " Les glaciers alpins
vont-ils disparaître ? " ; article dans lequel le Maître
mettait en pièces les arguments de son éminent collègue
!
On part trop souvent du postulat selon lequel il faut faire peur
aux gens si l'on veut qu'ils changent leurs comportements. Le
discours des écologistes est simple, mais aussi schématique
Et pour toutes ces raisons, pas toujours scientifiquement juste !
Ainsi, que penser de ce commentateur-journaliste suisse, défaitiste
en diable, qui nous assène pour mieux nous persuader -
croit-t-il - : " D'ici l'an 2070, 80% de nos glaciers suisses
auront disparu "... ou de la publicité utilisée
en 2003 comme appel pour l'exposition " Climax " au
parc de la Villette : " La terre se réchauffe, les
glaciers fondent, la mer monte "
ou, mieux encore,
de celle du Ministère de l'Environnement (2001) clamée
sur les ondes par un fringant Fabrice Lucchini : " Plus les
voitures avancent, plus les glaciers reculent ". Ce discours
n'a qu'un seul objectif : convaincre. Il répond à
une noble cause : la défense de l'environnement ; laisser
à nos enfants une terre propre. Qui ne peut être
d'accord avec cette profession de foi là ?
Mais l'approche de la relation " glaciers/climats "
tient alors, nous l'avons dit, beaucoup plus de l'argumentaire
géopolitique que du discours scientifique
avec des
dérapages inacceptables car ils conduisent à l'énoncé
de contre - vérités scientifiques graves qui, à
terme, ne peuvent que discréditer une cause au départ
généreuse.
Un réchauffement climatique global ? NON. Des changements climatiques ? OUI.
Retour à l'année 2003 et aux futures années caniculaires. Canicule sur la France ! Oui mais l'année 2003 n'est qu'un de ces épisodes extrêmes qui peuvent toujours survenir chez nous. Il y en aura d'autres ! Mais sans doute aurons-nous oublié ! Au niveau du drame sanitaire et des problèmes humains qui ont été rencontrés tout au long de ce long épisode chaud et sec de 2003, la question qui se pose à nous est sans ambiguïté : pourquoi nos modes de vie sont-ils à ce point ignorants des excès (non anormaux) du climat tempéré dans lequel nous évoluons ?
Et voilà que l'hiver 2005-2006 nous rappelle à
l'ordre. Froid et neige sur toute l'Europe ; fleuves et lacs gelés,
canalisations éclatées, les " sans domiciles
fixes " qui meurent sur les trot-toirs
Ah bon !, ça
existe encore le froid ? Où sont passés les partisans
du réchauffement global ? On ne les entend pas ! À
force de nous rabâcher que l'évolution ne pouvait
se faire que dans un sens, celui du réchauffement, des
habitudes étaient en train de se perdre : les états
eux-mêmes, dans leurs perspectives de gouvernement ne traitent
plus avec la même rigueur, les problémati-ques du
froid. À quoi bon puisque la terre se réchauffe
!
Les scientifiques qui ne s'appuyaient que sur un côté
de la fourchette de leurs estimations (l'hypothèse du réchauffement)
vont ils enfin se rendre compte qu'il y a un symétrique
à leur mise en équation : l'hypothèse du
refroidissement ; avec, entre les deux, un vaste no man's land
de solutions intermédiaires ?
Dans notre société qui aime à ce que tout
soit prévisible et prévu en temps et lieu , qui
pense que tout peut se négocier en terme d'assurance, de
contrat ou d'assistance, force est de constater que nous sommes
loin du compte ! Il est grand temps de revenir sur nos fausses
croyances et crier bien fort qu'à côté des
espaces de certitudes
bien minces, de larges espaces d'incertitudes
subsisteront partout et toujours.
C'est la raison pour laquelle l'observation naturaliste - longue,
continue, sérieuse
, ingrate quelquefois - doit être
privilégiée afin que son exploitation permette d'exprimer
toute la complexité des phénomènes et d'accompagner
nos politiques si souvent prises en défaut.
Robert VIVIAN
(février 2006)
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